vendredi 16 mars 2018

La Chambre des Merveilles (Julien Sandrel)

 
Louis a 12 ans. Ce matin, alors qu’il veut confier à sa mère, Thelma, qu’il est amoureux pour la première fois, il voit bien qu’elle pense à autre chose, à son travail sûrement. Alors il part, fâché et déçu, avec son skate, et traverse la rue à fond. Un camion le percute de plein fouet.
Le pronostic est sombre. Dans quatre semaines, s’il n’y a pas d’amélioration, il faudra débrancher le respirateur de Louis. En rentrant de l’hôpital, désespérée, Thelma trouve un carnet sous le matelas de son fils. À l’intérieur, il a dressé la liste de toutes ses « merveilles », c’est-à-dire les expériences qu’il aimerait vivre au cours de sa vie.
Thelma prend une décision : page après page, ces merveilles, elle va les accomplir à sa place. Si Louis entend ses aventures, il verra combien la vie est belle. Peut–être que ça l’aidera à revenir. Et si dans quatre semaines Louis doit mourir, à travers elle il aura vécu la vie dont il rêvait.
Mais il n’est pas si facile de vivre les rêves d’un ado, quand on a presque quarante ans…

Une chronique ! Ksss, j’avais pas envie de la rédiger, mais je me file un coup de pied au derrière. Il est temps pour moi de vous donner mon avis sur La Chambre des Merveilles !

Ce livre nous parle de Thelma, une femme d’affaires qui donne quasiment tout à sa vie professionnelle, mais qui va se rendre compte de la vanité d’un tel mode de vie lorsque son fils unique, Louis, va tomber dans le coma après avoir percuté un camion alors qu’il était en skate. Totalement bouleversée, ayant perdu ses repères, Thelma va pourtant trouver le carnet de Louis renfermant ses rêves les plus fous, à accomplir avant de mourir. Et s’il s’agissait de la solution pour le faire revenir ? Thelma n’a rien à y perdre, mais peut-être tout à y gagner. Alors, pour ramener son ado, elle va vivre à sa place ses rêves, en vidéo, pour qu’il l’entende depuis sa chambre, et que l’envie de se réveiller le gagne. Thelma est pourtant loin d’imaginer que pendant ce périple hors du commun, elle va aussi se réveiller… à la vraie vie.

Pour être honnête, quand j’ai reçu le bouquin, j’ai fait la grimace. Plusieurs raisons à cela : je suis doucement en train d’arrêter les chroniques écrites pour une durée indéterminée (jusqu’à retrouver l’envie, dirons-nous), et je n’avais pas demandé ce livre. J’ai une tendance, légèrement incontrôlable, qui veut que lorsqu’on me met un livre dans les mains en me disant que je vais forcément aimer, je me braque. Si ce n’est parfois que légèrement, il est possible qu’ensuite le livre ait encore plus de « preuves » à me donner pour que je l’apprécie. Ça a été le cas avec le livre de Julien Sandrel. Je suis partie en me disant que je n’allais pas aimer, parce qu’on me le vendait comme un super bouquin absolument génial, et parce que d’autres avis commençaient à tomber dans ce sens.

Je me suis trompée. Attention, je ne dis pas que c’est un coup de cœur ! En revanche, je suis ressortie très agréablement surprise de ma lecture. D’ailleurs, puisque j’ai été malade, ça a été pour moi l’occasion de le lire dans mon lit, en une soirée. Il se lit d’ailleurs assez rapidement, même sans ça !

Julien Sandrel nous livre avec beaucoup de justesse ce qui peut se produire dans la tête d’une femme qui d’un seul coup voit son monde être retourné. Son fils, son unique, se retrouve dans le coma, et les chances qu’il se réveille s’amenuisent au long des jours, et elle doit faire face à une montagne de choses : la situation en elle-même, son travail qu’elle ne parvient pas à assumer et qu’elle trouve soudainement vain au possible, et sa mère avec qui elle est en conflit depuis des années, et qui va brusquement se réinstaller de force dans sa vie. Ça fait beaucoup, non ? Et attendez de voir encore ce que le livre contient ! (mais pour ça, il faudra le lire, je ne vais pas tout vous dire non plus !)

Au début du roman, il m’a été difficile de m’attacher à Thelma. Cette femme d’affaire impitoyable, qui met vraiment sa carrière au premier plan… et qui lui donne tout, m’a franchement laissée de marbre. Puis, avec l’accident, sa carapace explose, et au travers des débris, elle voit enfin qu’elle passe à côté de la vraie vie, à côté de Louis. Tout au long du roman, elle évolue, devenant peu à peu elle-même. Sa course contre la montre est très belle, très émouvante, en plus d’être drôle.

Ceci dit, Thelma n’est pas le seul personnage dont nous faisons la connaissance. Elle n’est d’ailleurs pas le seul personnage principal ! Louis tient une place non moins importante, parce que Julien Sandrel a décidé de le faire parler pendant son coma. Comme s’il s’adressait à nous, au lecteur, dans une dimension un peu parallèle qui nous paraît incroyablement naturelle. Et je peux vous dire qu’il est difficile de ne pas s’attacher à ce jeune homme, assez exceptionnel au demeurant. Là aussi, je trouve que l’auteur a su rester juste dans le réalisme, dans les sentiments qui régissent le cœur du jeune homme.

Je pourrais aussi vous parler de la grand-mère, véritable phénomène qui anime le livre d’un souffle incroyable ! Elle est à la fois agaçante et très rigolote, ce qui la rend précieuse. D’autres personnages secondaires se font leur place dans l’intrigue, mais on dira que ces trois-là ont vraiment la palme des plus importants et des plus marquants à mes yeux.

Que dire autrement ? Évidemment que la fin est prévisible. Elle n’en reste pas moins sympathique, même si j’aurais aimé avoir plus de précisions sur le réel, sur l’après. Parce qu’à mes yeux, il ne reste que des suppositions. C’est peut-être mon seul regret du livre : ce manque d’infos à la fin, mais c’est mon humble avis. On peut très bien aimer le bouquin sans, c’est un fait ! Il possède beaucoup trop de qualités pour ça…

Entre la plume (qui joue sur les registres et les voix des personnages) qui est juste, fine et simple, l’intrigue qui en elle-même nous embarque et nous donne envie d’y croire avec Thelma, le chemin de cette dernière et encore une foule d’autres choses, il m’est difficile de ne pas vous recommander ce roman. Il est vraiment sympathique, et même si je suis contre les grosses vagues d’émerveillement sur les romans, je vous assure que vous pouvez foncer sans souci sur celui-ci. On n’est pas dans le pathos tout le temps, on est dans une situation difficile, où il faut faire éclater la vie pour que l’espoir perdure. Et Julien Sandrel a bien réussi à capter le concept et à l’offrir à son histoire, en réussissant en plus à se mettre dans la tête d’une femme. Chapeau !
Ce sera donc un 18/20 pour moi et encore une fois, je vous le recommande !

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