lundi 9 octobre 2017

La part de l'aube (Éric Marchal)

Lyon, septembre 1777. Antoine Fabert est avocat au barreau lyonnais. De l'avis général, c’est le meilleur de tous. Pourtant, il n'a jamais plaidé, contrairement à Prost de Royer, son célèbre ami et associé. Des écrits gaulois sont découverts à Fourvière, les textes d'un druide du nom de Louern, qui vont propulser Antoine au centre d'une bataille pour le rétablissement de la réalité historique. Cette bataille portera en elle les prémisses de la révolution des esprits. Antoine et ses proches, Antelme de Jussieu, historien paralytique, Camille Delauney, rédacteur de la première gazette sur l'actualité locale, et la comédienne de l'Ambigu-Comique Michèle Masson seront confrontés à un groupe d'espions baptisés les Lugduniens sur la trace du trésor du druide Louern, dont la découverte pourrait à elle seule renverser la royauté. S’affirmant comme le Ken Follett français, Éric Marchal tisse, sur le thème des origines de la France, une passionnante course-poursuite qui nous plonge dans les arcanes de la justice, de la presse, de l’imprimerie et du théâtre, à la veille de la Révolution française. Une aventure où il faudra aussi compter sur des araignées tisseuses de fils d'or, l'avènement de la poire de terre et la fin du monopole de la boulangerie lyonnaise, le procès d'un musicien inculpé de meurtre, le baquet magnétique de Mesmer, une pièce de théâtre dont l'auteur n'existe pas, et l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert.

Non, vous ne rêvez pas ! Après un nouvel article peu commun sur le blog, me voici de retour avec une chronique ! Je tenais absolument à vous parler d’un roman avec lequel je me suis évadée pendant plus de deux semaines.

La Part de l’aube nous embarque dans le Lyon du 18ème siècle, auprès d’Antoine Fabert, un avocat à la mémoire prodigieuse qui va plancher sur des textes et des objets pouvant remettre en cause toutes les idées que l’on se fait à l’époque sur les gaulois. Et s’ils n’étaient pas les barbares que l’on croit ? Antoine est lancé sur une piste, et bien décidé à fouiller jusqu’à avoir des réponses. Mais le pouvoir n’est pas d’accord… et les obstacles seront nombreux. Au milieu de ce Lyon où nous découvrons tout, qu’adviendra-t-il d’Antoine et de ses proches ? La vérité éclatera-t-elle ?

Alors mea culpa, j’ai essayé de faire un résumé de type minimaliste, parce que c’est un gros pavé de 600 pages, et que toute la richesse de ce roman ne peut se traduire en quelques phrases. Du coup, j’ai centré l’intrigue sur Antoine, parce que c’est lui qu’on suit le plus, et qui représente un peu le nœud de tout, mais nous suivons aussi Camille et Anne, Antelme de Jussieu, François Prost de Royer, Marc de Ponsampierre et tant d’autres. Et c’est tout bonnement fascinant !

Bon, je vous l’avoue, le début est un peu difficile, surtout quand on n’est pas habitué au genre. Mais j’avais décidé que je lui offrais sa chance, à ce roman, et si j’ai mis du temps à le lire, au final, je ne suis absolument pas déçue de ma découverte. La preuve en est, puisque je vous en fais une chronique !

Il était important pour moi de vous présenter ce roman qui nous dépeint la ville de Lyon comme peu la connaissent. On entend souvent parler dans les romans historiques de Paris à plusieurs époques, mais c’est la première fois que je lis quelque chose sur Lyon (je ne dis pas que ça n’existe pas, mais que je n’en ai jamais croisé), et en plus à l’époque des Lumières ! Je suis toujours férue d’Histoire, et quand la fiction s’implante dans l’Histoire, je trouve ça top. Le sujet ne pouvait que me passionner, en plus ! Et il faut le dire : tout a été traité avec brio, avec des personnages auxquels on s’attache véritablement.

Le contexte a été décrit avec beaucoup de finesse : j’ai eu l’impression d’évoluer au milieu de ce Vieux Lyon, avec ses mœurs, ses affaires courantes, ses difficultés… le lecteur est véritablement transporté. C’est un vrai voyage qu’il effectue ! Suivre plusieurs personnages ayant des âges différents a aussi beaucoup aidé : Antoine est avocat, Camille aspirant journaliste, Marc tisserand… tous sont liés ou le deviennent au fil des pages, et apportent encore un peu plus à la richesse de l’histoire. Même Camille, qui au départ nous apparaît juste comme un petit jeune un peu lourdaud et rêveur. Mais non ! Chacun a matière à nous surprendre, même Marc qui m’aura définitivement dégoûtée avec ses halabées (mais je l’aime bien. Il a juste des projets saugrenus, pour ne dire que cela !).

L’intrigue est juste incroyable : on part dans un jeu de piste avec une quête de la vérité dangereuse, dans des lieux improbables… et tout semble s’accorder autour des personnages pour consolider cette traque ! Fascinant, je vous dis ! Je voulais trop avoir le fin mot de l’histoire : Antoine réussirait-il à faire jaillir la vérité ? Percerait-il le secret de Louern ? En plus de ça, j’ai beaucoup aimé découvrir des aspects culturels de l’époque. Les Français pensaient-ils vraiment descendre de Troie ? Ça a piqué ma curiosité, c’est indéniable. Tout comme de rencontrer des personnages historiques dans la fiction ! Voltaire, Parmentier… j’étais ravie !

Bien sûr, je sais que c’est de la fiction. Mais c’est là où Éric Marchal fait fort, c’est qu’on ne le sait pas tant qu’on n’a pas lu les notes à la fin. Tout est basé sur des recherches et cela se sent. Ce n’est pas pesant, mais enrichissant, même si certains pourraient voir un excès de détails. J’ai juste trouvé que ça nous imprégnait toujours plus de cette époque. Sans compter que cette plume est douce, elle coule tout en nous embarquant. Si vous plongez dedans, attendez-vous à être emportés avec le courant sans trop vous en rendre compte. Normalement, pas de noyade, juste un bon dépaysement !

Humainement, aussi, ce roman est très intéressant. Les valeurs qui passent sont riches : la quête de la vérité est au centre, évidemment. Mais les existences de chacun des personnages offrent aussi beaucoup de prises pour de beaux messages : le pardon, la possibilité de se reconstruire après un drame, la force d’aller plus loin quand on croit à quelque chose, l’amour, l’amitié… Sur 600 pages, il y a de quoi faire, faites-moi confiance !

En conclusion, La part de l’aube est une jolie pépite que je conseille vraiment à tous ceux qui aiment l’historique, les sujets qui sortent un peu des sentiers battus et… qui n’ont pas peur des gros pavés. C’est un roman très riche, bien renseigné et qui nous fait vraiment voyager, en compagnie de plein de personnages uniques, auxquels on s’attache et qui font partie d’une intrigue fascinante, tout simplement ! J’ai mis deux semaines à le lire, et j’en ressors conquise. À qui le tour ? Ce sera un 19/20 pour moi !

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