dimanche 10 septembre 2017

Le Seigneur de Charny (Laurent Decaux)

Une formidable aventure de cape et d'épée.

Champagne, 1382. Quand, après six années de croisade, Jacques de Charny regagne enfin ses terres, il découvre, stupéfait, une foule immense massée devant l'église du château.

De toute l'Europe, des pèlerins affluent pour prier devant la relique extraordinaire détenue par la famille : le saint suaire, sur lequel apparaît le corps martyrisé du Christ. Pour sauver le domaine de la faillite, Jeanne, la mère de Jacques, a décidé d'exposer publiquement cette relique cachée aux yeux du monde depuis des décennies.

Alors qu'il espérait être accueilli à bras ouverts, Jacques se heurte à la défiance et l'hostilité de tous. Sa mère, la première, lui reproche d'avoir ruiné la seigneurie avec ses voyages en Orient. Pierre d'Arcis, l'implacable évêque de Troyes, veut interdire l'exposition du drap sacré. Et même sa promise, la ravissante Hélène, s'est mariée à un barbon... Seuls ses deux amis d'enfance, Miles, le bouillonnant comte de Brienne, et Arnaut, le fougueux chevalier de Jaucourt, semblent se réjouir de son retour.

C'est alors qu'un jeune seigneur et sa suite arrivent en Champagne pour admirer la sainte relique. Pour Jacques, cette visite inattendue va s'avérer providentielle...

Avec Le Seigneur de Charny, Laurent Decaux nous offre un grand roman d'aventure où la passion, l'audace et l'amitié triomphent de la mort et du déshonneur.

Non, vous ne rêvez pas ! Il s’agit bien d’une chronique ! Une chronique, oui !

Le Seigneur de Charny nous embarque à la fin du 14ème siècle, auprès de Jacques Charny, qui revient de 6 années de croisades qui ne se sont pas passées comme il l’aurait souhaité. Il pense revenir en héros, ou du moins, être accueilli avec amour, respect et admiration. Il découvre pourtant à son retour que sa famille a dû se saigner pour lui permettre ce voyage, et qu’elle lui en veut. Les Charny exposent désormais le Linceul du Christ, et des milliers de pèlerins viennent chaque année pour l’adorer. Leurs revenus proviennent de ceci, mais ce n’est pas assez… comment Jacques fera-t-il pour redorer son blason, récupérer l’estime de sa famille, et lui permettre d’échapper à la faillite ? L’arrivée d’un jeune seigneur d’Anjou un peu particulier pourrait bien être le miracle attendu par Jacques…

Si je suis assez amatrice de romans historiques, plusieurs raisons m’ont en plus poussée à lire ce bouquin. D’abord, la mention du suaire du Christ m’a tout de suite topé dans l’œil. Ensuite, il s’agit d’une période historique que je ne connais pas tellement, et j’aime bien apprendre des trucs. Je me suis donc plongée dans ce bouquin en espérant l’apprécier. Ça a été le cas !

J’espère ne pas trop m’emmêler les pinceaux en vous faisant ma chronique, j’ai l’impression d’être déjà rouillée. Dès le début du bouquin, nous nous lions d’attachement pour Jacques, qui pensait bien faire en partant pour ce voyage, et se voit reprocher tellement de choses en revenant. Il vit dans l’ombre d’un père illustre, et cela lui pèse beaucoup. La situation à Lirey va lui en mettre un coup aussi. On l’apprécie assez vite, pour sa droiture, et pour sa détermination. Il ne fait pas toujours tout juste, et fait même des erreurs, mais on l’aime bien, en fait.

L’ensemble des personnages est appréciable, de fait. J’ai eu du mal avec la sœur de Jacques, ainsi qu’avec sa mère et au départ, avec le jeune seigneur inconnu qui va débarquer. Il y a quelque chose de pas net chez lui qui se dévoile ensuite. Mais sinon, tous ont des personnalités uniques, qui résonnent avec l’époque de chevalerie tant regrettée par ces mêmes protagonistes. J’ai eu l’impression, surtout avec Jacques, Miles et Arnaut, de retrouver un peu des Trois Mousquetaires. Il y avait beaucoup de similitudes dans les caractères, je dois l’avouer !

Au niveau de l’intrigue, elle m’a bien intéressée. Je n’étais pas fascinée comme j’aurais aimé l’être, mais je pense que cela tient au ton de la narration, et à l’époque, au contexte du roman. Cela ne m’a pas empêchée d’apprécier l’histoire en général, mais j’admets là aussi qu’après un début un peu lent pour le retour de Jacques, une fois que tout est bien lancé et qu’il faut se bouger, là, j’ai été prise dans le roman. Je ne peux m’empêcher encore une fois de faire la comparaison avec des romans plus classiques de capes et d’épée, où il faut un temps de mise en place avant l’action. C’est exactement ce que Laurent Decaux nous propose. De fait, j’aurais apprécié que cela dure plus, parce que j’ai l’habitude avec des romans classiques que les péripéties durent plus longtemps. Mais c’était très bien quand même !

La plume de Laurent Decaux est simple, mais ajustée. Il parvient à donner vie à ses personnages, leur offrant les mœurs de l’époque, et des comportements, des paroles qui les ancrent dans cette période. La narration est légère, on a vraiment l’impression d’être devant une scène et on observe ce qui se passe. On comprend avec Jacques tout ce qui s’est produit pendant son absence, puis une fois que le rythme devient plus cadencé, on se laisse embarquer dans l’action. Et la fin nous laisse un peu pantois, parce qu’on ne s’y attendait pas. C’est à ce moment-là que vous réalisez que vous vous êtes laissés prendre, parce que votre cœur réagit et peut protester face au revers essuyé…

Avant que je ne passe aux valeurs, je tenais à mentionner l’aspect historique sur lequel se base le roman. Bien sûr, il y a de la fiction, mais pendant la lecture, le lecteur peut s’apercevoir à quel point Laurent Decaux s’est renseigné pour offrir une densité contextuelle à son roman. C’est toujours un bon point que d’évoluer en pensée dans un livre qui a de solides bases comme ici. De plus, les anecdotes en fin de roman enrichissent encore la lecture que nous venons de faire, et c’est franchement sympa, je trouve !

Les valeurs ? L’amitié et la famille sont au cœur de ce roman. Il y a aussi de beaux débats entre différents points de vue de religion, sur l’application des règles et l’application du cœur. J’ai trouvé ça aussi amusant que riche pour ma propre réflexion, parce que ce sont des sujets que j’ai croisés il y a peu dans mon parcours spirituel. En dehors de ça, j’ai aimé les liens entre Miles, Arnaut et Jacques, mais aussi envers le seigneur inconnu et certains membres de son entourage. Il y a quelques subtilités qui se dégagent et qui peuvent nous interpeller, en dehors de l’histoire principale, et de la détermination de Jacques Charny pour redorer son blason.

En conclusion, Le Seigneur de Charny aura été une chouette lecture pour moi. J’en ai appris plus sur le 14ème siècle, j’ai évolué en tant que lectrice auprès de personnages qui m’ont rappelé des Mousquetaires que j’aime tellement, et dans une intrigue qui rappelle vraiment les romans de cape et d’épée de Dumas et compagnie, mais en plus court. Le roman est vraiment renseigné, se pose sur de solides bases, avec une plume simple mais ajustée, et finit par nous embarquer pour nous laisser sur une fin surprenante, mais pas inintéressante. Ce sera donc un 16/20 pour moi, et je vous recommande ce roman, évidemment !

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