dimanche 6 août 2017

La Perle et la Coquille (Nadia Hashimi)

Kaboul, 2007 : les Talibans font la loi dans les rues. Avec un père toxicomane et sans frère, Rahima et ses soeurs ne peuvent quitter la maison. Leur seul espoir réside dans la tradition des bacha posh, qui permettra à la jeune Rahima de se travestir jusqu'à ce qu'elle soit en âge de se marier. Elle jouit alors d'une liberté qui va la transformer à jamais, comme le fit, un siècle plus tôt, son ancêtre Shekiba. Les destinées de ces deux femmes se font écho, et permettent une exploration captivante de la condition féminine en Afghanistan.

Avant de me retrouver encore avec beaucoup trop de chroniques dans les pattes, je vais essayer de rédiger celle-ci !

La Perle et la Coquille raconte l’histoire de Rahima, une jeune fille qui vit en Afghanistan, au milieu de ses 4 sœurs. La vie est difficile, le pays est en guerre, et être une fille, une femme dans ce contexte est loin d’être évident. Alors un jour, Rahima va être déguisée en garçon, pour aider sa famille au quotidien. Elle vivra ainsi plusieurs années, jusqu’à ce qu’elle doive redevenir femme aux yeux du monde, et qu’elle continue le chemin qu’on lui aura tracé. Heureusement pour elle, l’histoire de son ancêtre Shekiba, une femme forte, la suivra tout au long de sa propre existence, pour l’aider à avancer malgré les épreuves.

J’ai profité du fait que ce roman ait été gratuit pendant trois jours sur toutes les plateformes pour le télécharger, et je dois clairement avouer que je ne m’attendais pas à autant apprécier ! Il figurait dans ma wish-list depuis longtemps, comme un livre différent, mais auquel on ne s’attarderait pas immédiatement. Du moins, c’était mon cas. Et je peux être un peu bobette, pour ça !

En ouvrant le roman, nous sommes directement plongés dans une autre ambiance : celle de l’Afghanistan. Bien loin de notre culture, de nos coutumes, Rahima vit dans un quotidien qui n’a rien de facile. Elle va pourtant avoir la chance d’être une bacha posh, avant de brutalement quitter sa famille, contre son gré. Et alors que le lecteur voit Rahima grandir, évoluer, il contemple aussi l’histoire peu commune de Shekiba, cette femme qui sembla vivre plusieurs vies en une.

Très vite, on fait face à un autre univers que le nôtre. Les règles ne sont pas les mêmes, la considération des femmes est totalement différente, et l’adaptation est assez difficile. Nous, occidentaux, on a envie de remuer tout ça, mais nous sommes spectateurs, et heureusement pour nous, Nadia Hashimi possède dans sa plume, dans sa narration, une douceur qui nous permet de suivre tout ça sans que cela devienne un calvaire.

Il va m’être difficile d’ordonner mes idées comme d’habitude, pour cette chronique. Je vais parler des personnages. Rahima et Shekiba sont semblables de bien des manières, même si elles vivent des évènements différents et qu’elles n’ont pas du tout reçu les mêmes cartes au début de leur vie. Shekiba est considérée comme un poids mort, une malédiction, puisqu’elle a été défigurée très jeune. Cela ne l’empêchera pas de vivre une vie unique, mais ô combien parsemée d’épreuves. Rahima, elle, fera face à la cruauté des hommes, à son impuissance à agir en tant que femme… avant de prendre sa vie en mains. Toutes deux témoignent d’une force de caractère qui ne pourra qu’ébranler le lecteur. Impossible de ne pas compatir et de ne pas s’attacher à elles !

J’en viens au point qui m’a le plus marquée dans ma lecture : les contrastes. En effet, le roman est à la fois d’une douceur peu commune, tout en relatant des épisodes qui portent en eux beaucoup d’injustice et de douleur. C’est à la fois lumineux et obscur, doux et tranchant, avec une amertume qui se ressent sur la fin, alors que perce la saveur de l’espoir. Ce roman ne peut pas laisser le lecteur indifférent. La délicatesse dont Nadia Hashimi fait preuve traverse nos barrières, et on voyage, on vit tout aux côtés de ces deux femmes époustouflantes.

Le rythme du bouquin est bercé par les deux histoires conjointes de Rahima et Shekiba, ordonnées de façon à ce qu’elles se répondent, se complètent. On est aussi pris par le quotidien de Rahima, que par cette fameuse ancêtre qui l’inspire tant. D’ailleurs, ne vous attendez pas à une merveilleuse happy end, mais plutôt à un duo qui témoignera de la force de vie des femmes, et de leur pouvoir de changement. C’est beaucoup plus subtil, et je pense qu’une fin dégoulinante et heureuse n’aurait pas permis de faire réfléchir de la même manière. Attention, je ne dis pas que ça se finit mal, hein.

Comme je l’ai dit plus haut, la plume de Nadia Hashimi est très douce, délicate et pourtant, elle sait dresser des situations qui sont rudes. On a envie de se révolter, on partage la douleur de ces femmes, on compatit et on se dit, comme elle, que malheureusement, si c’est de la fiction, ça résonne encore avec certaines existences présentes ou passées. On en apprend beaucoup, et on a envie d’en apprendre plus, on a envie de découvrir d’autres romans de cette autrice.

Au niveau des valeurs, je vous ai déjà mentionné la force de caractère de Rahima et Shekiba. Elles traversent des épreuves couronnées d’injustice, mais restent maîtresses de leur avenir. Cela demande des sacrifices, et parfois, leurs espoirs et leurs tentatives n’aboutissent pas. Mais elles essaient, et c’est ça qui importe. De plus, à voir les traitements qui leurs sont infligés, je peux vous dire qu’on y réfléchit à deux fois sur la manière dont on considère les autres. On a envie ensuite de faire le bien, autour de nous, pour que jamais nous ne fassions subir ce qu’elles ont vécu, ou même s’en approcher un peu. On a envie de changer le monde déjà autour de nous.

En conclusion, La Perle et la Coquille est un roman très touchant qui nous parle de deux femmes fortes en Afghanistan. À deux époques différentes, elles se ressemblent pourtant dans la traversée de leurs épreuves, et elles nous apprennent beaucoup sur la culture de ce pays. Nadia Hashimi réussit à nous livrer un récit rythmé par ces histoires qui se complètent, avec une douceur et une délicatesse incroyable. Ça fait réfléchir et ça nous pousse à faire le bien, autour de nous. C’est vraiment un roman à lire, et je pense que je me pencherai sur ses autres bouquins. Je vous le conseille ! Ce sera un 18/20 pour moi !

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