NEED (Joelle Charbonneau)

Les adolescents du lycée de Nottawa se réunissent tous sur NEED, un nouveau réseau social promettant de répondre à tous leurs besoins sous couvert d'un total anonymat... quels que soient ces besoins et leurs conséquences, et à condition d'inviter six amis à le rejoindre. Kaylee demande un rein pour sauver la vie de son frère, mais le site réclame de dangereuses contreparties...

Encore une chronique à la bourre, pour laquelle je me motive à faire quelque chose !

Kaylee et plusieurs élèves de son lycée reçoivent un jour une demande pour intégrer le réseau social NEED, qui se propose de leur offrir ce dont ils ont besoin en échange d’une mission à réaliser. Kaylee saute tout de suite sur l’occasion pour demander un rein pour son frère. Si, au départ, il ne s’agissait que d’inviter d’autres élèves à rejoindre le réseau, bientôt, la donne va changer… jusqu’où les élèves iront-ils pour accéder à ce qu’ils ont demandé ?

Il n’est pas tout à fait évident de réaliser un résumé juste de cette histoire férocement prenante. Il faut en dire peu, mais juste assez pour se laisser intriguer par ce roman qui est juste une petite bombe insoupçonnée !

Je ne suis pas très fan des thrillers, mais j’étais heureuse de recevoir NEED, notamment parce que je l’avais gagné en proposant un problème de lecteur récurrent chez moi (à savoir : ne pas pouvoir flanquer de baffes aux personnages exaspérants dans les romans, coucou Scarlett O’Hara !). Pourtant, j’étais bien loin de m’imaginer dans quelle aventure incroyable j’allais me laisser emporter en ouvrant le livre !

Nous suivons plusieurs élèves du lycée de Nottawa, mais plus particulièrement Kaylee, qui se trouve dans une situation délicate : son frère est malade et a besoin d’un rein. Kaylee a déjà épuisé toutes ses ressources pour trouver un donneur compatible, y compris celles qui provoqueraient sa déchéance sociale. Elle n’a plus que son meilleur ami, et c’est par lui qu’elle va découvrir NEED. Cette occasion pourrait être celle qui sauverait son frère… ou pas.

Très vite, on voit que la machine s’emballe : les chiffres sont affichés régulièrement concernant les admis, les demandes en cours et celles satisfaites. Le rythme devient de plus en plus précipité, nous passons d’un élève à un autre, lisant quelques pages avec une aura de mystère, qui sera dévoilé dans le chapitre suivant… et c’est l’étonnement à chaque fois. On ne s’y attend pas, on se laisse nous aussi prendre au jeu, on s’angoisse, on se dit que non, nous aussi on imagine des trucs, mais en fait… ce n’est pas le cas. Et c’est là que ça devient terrible, parce que cela ne ralentit pas, et c’est comme si les personnages étaient isolés les uns des autres, œuvrant pourtant à un seul projet qui prend une ampleur insoupçonnée !

Oui, j’avoue, c’est assez incroyable, présenté comme ça. Joelle Charbonneau réussit parfaitement bien à nous mener par le bout du nez, orchestrant son intrigue pour nous couper le souffle, voire nous faire jurer plusieurs fois d’affilée (concernée, moi ? Tout à fait.). Plus ça va, plus on sent la tension qui s’imprègne en nous, et c’est juste génial ! Horrible et génial, parce que tout semble tellement… irréaliste et probable ! (oui, les deux à la fois !)

De plus, Kaylee est un personnage qu’on apprécie de suivre : elle poursuit des motifs justes et même si elle est un peu extrême parfois, ses élans protecteurs et spontanés font d’elle quelqu’un pour lequel on s’attache relativement vite. Elle a beau être considérée comme une paria, on la comprend et je pense que j’aurais fait la même chose dans sa situation. Sa détermination et son sens de la justice en font une chouette héroïne, même si elle n’est pas parfaite !

Que dire de plus ? La plume est intéressante, vive et précise. Les sentiments de chaque élève nous paraissent réalistes, qu’ils soient extrêmes ou non. On a vraiment l’impression de découvrir plusieurs personnalités, parfois juste au travers de quelques lignes, ce qui rend la suite encore plus tragique et surprenante quand on en comprend les tenants et aboutissants.

Ah, un autre point que j’ai trouvé hyper prenant : Joelle Charbonneau a beau avoir écrit du jeunesse, cela ne l’empêche pas pour autant d’aller au bout des choses et de tuer des personnages. Vraiment, je crois que c’est ça qui est assez choquant et qui rend le livre encore plus haletant, c’est qu’on ne s’attend pas (en tout cas, c’était mon cas) à en arriver à de telles extrémités. Et pourtant !

La fin du roman est juste… on se pose encore plein de questions, mais je n’ai pas l’impression qu’on ressente de la frustration. Certes, il y a une ouverture qui laisse tout loisir à notre imagination pour se perdre en spéculations… mais il y a aussi une découverte sur le réseau même de NEED, et les fils qui avaient été tissés autour de lui et des élèves. Je me suis laissé surprendre à fond, et j’ai juste énormément apprécié le revirement de situation qui avait été présenté !

Niveau valeurs, il y a bien sûr l’amour qui lie Kaylee à son frère, pour qui elle ferait n’importe quoi. N’importe quoi, oui, mais pas au point d’aller trop loin. Les autres élèves du lycée présentent eux aussi leurs cas de conscience, et cela ne manquera pas de faire réfléchir ceux qui les liront à leur tour. En fait, toute la mécanique du roman NEED nous pousse à nous interroger sur ce que nous ferions à leur place. Le courage est mis en avant, tout comme son opposé, avec la force de pardon qui s’insinue sur la fin. En gros, ce roman est un thriller qui propose de beaux messages dans une intrigue de fou !

En conclusion, NEED est un roman que j’ai dévoré et juste énormément apprécié. Je ne m’attendais pas à une telle claque, à une telle intrigue qui va à fond, mettant en valeur les extrémités jusqu’auxquelles iraient des adolescents s’ils sont manipulés et laissés à leur propre conscience. Kaylee est une héroïne imparfaite qu’on aime beaucoup suivre et qui nous apporte de beaux messages malgré cette ambiance si terrible et presque irréaliste. Et pourtant… ça paraît tellement probable ! Bref, un gros gros succès pour moi, une belle claque que je recommande et à laquelle j’attribue un 18/20 !