jeudi 12 janvier 2017

Si moi sans toi (Aëla Liper)

J’avais tout quitté sur un coup de tête pour m’installer dans mon bout du monde. J’avais enfin trouvé l’homme de ma vie. Je touchais le bonheur du bout des doigts. Malheureusement, ma vie n’est pas une comédie romantique et une catastrophe naturelle est venue tout chambouler... Mon fiancé dans le coma, ma meilleure amie sur le point d’accoucher à l’autre bout du monde, et un voisin quelque peu étrange : en voilà, un cocktail explosif pour une jeune femme déboussolée. Et pourtant, dans l’obscurité, je vais pouvoir compter sur ma bonne étoile... Qui sait ? Je vais peut-être réussir à vaincre le destin et enfin vivre mon « happy end » ?

Comme vous le savez si vous suivez le blog, j’ai lu fin 2016 Une Parisienne au bout du monde, qui se situe juste avant Si moi sans toi. J’étais curieuse de voir ce qu’Aëla Liper avait bien pu concocter comme suite !

Si moi sans toi nous permet de retrouver (ou de rencontrer, pour ceux qui n’ont pas lu le livre d’avant) Florence, qui file le parfait amour avec Jérôme. Parfait, jusqu’au moment où une tragédie survient et que notre chère héroïne perd tous ses repères. Son cœur, malmené par cette nouvelle situation, va pourtant lui envoyer d’étranges signaux… et bon sang, qui est ce nouveau voisin et pourquoi débarque-t-il précisément dans la pire période de son existence ?

Pour tout vous dire, ce roman a été placé sous le signe de la lutte. Lutte parce que j’apprécie les romans d’Aëla, mais que j’ai entendu des échos sur ce bouquin en particulier qui auraient franchement pu orienter mon avis et mes ressentis. Il est difficile de ne pas se faire une idée avant la lecture, dans ce cas. Pourtant, on dirait que je ne m’en suis pas trop mal sortie, puisque j’ai quand même aimé ce que j’ai trouvé.

Replonger dans le quotidien et les pensées de Florence a été plutôt sympathique : c’était un personnage que j’avais bien aimé pour sa fraîcheur et son tempérament un peu gourmand et réaliste dans le livre précédent. Elle me fait toujours penser à moi, à beaucoup de femmes en général, avec sa manière d’exagérer les situations, de se réconforter avec du chocolat… je la trouve chouette, et l’impression s’est prolongée dans cette suite qui ne l’épargne pas.

Si moi sans toi, c’est un roman qui casse l’image qu’on peut avoir du bonheur parfait. C’est un roman qui invite à réfléchir, à se positionner, sans pour autant juger. Je n’ai pas approuvé les choix de l’héroïne. Pour autant, j’étais loin de vouloir jeter mon livre au loin, et je l’ai lu passivement, en gardant mon opinion. Aëla Liper nous présente une grosse part de la conscience de son héroïne, et si certains passages sont en contradiction avec le choix que vous auriez fait à sa place, je trouve que son examen de conscience est juste et qu’il nous rapproche de Florence. Attention, je ne dis pas que forcément vous allez accepter, mais l’éloignement me semble se réduire.

On retrouve aussi dans ce bouquin cette petite manie des détails que possède Aëla Liper. La façon de décrire des choses qui pourraient paraître inutiles, et pourtant accrochent le lecteur et l’ancrent dans une forme de réalité, ou de réalisme. Ici, ça prend encore une autre dimension avec le thème abordé. On retrouve aussi avec plaisir le chocolat, qui apparaît entre les pages et devient la marque de fabrique de notre chère auteure, avouons-le !

Si j’avais une faiblesse à soulever pour Si moi sans toi, cependant, ce serait celle des raccourcis. Si l’ensemble de la trame me paraît bien, j’avoue que parfois, j’ai un peu tiqué sur des points qui surviennent trop vite. Ça aurait demandé plus de développement, notamment pendant la période de crise que vit Florence et les choix que son entourage fait autour de cela. C’était trop rapide, et là, c’était plus difficile de rester totalement accroché (en tout cas pour moi).

Les personnages secondaires suscitent tous des réactions différentes. On les aime ou on les rejette, on accepte leurs choix ou pas, mais une chose est sûre : chacun a son caractère et apporte un petit truc. Ils n’ont pas forcément des personnalités flagrantes, mais je trouve qu’ils forment un bel ensemble. Ne parlons pas de Jérôme qui est juste tellement trognon et qui ferait fondre un cœur de pierre, ce me semble !

Cette suite aborde aussi des thématiques difficiles qui ont tendance à s’empiler. Beaucoup risquent de se demander quelle aurait été leur réaction face à tout ceci. On y parle deuil, trahison (sous différents aspects, même), déni, ténacité, abandon… il y a tout un florilège qui ne manque pas de toucher le lecteur et de le faire réfléchir et pourquoi pas compatir avec ce qui se produit.

Là, vous vous dites qu’en fait, c’est un roman un peu mensonger, vu la couverture. Comment ça, on nous parle pas d’un drame ! Ben non, parce que s’il y a des aspects franchement tragiques et effectivement dramatiques, c’est l’espoir qui prédomine. L’espoir et l’envie d’avancer, même si c’est incroyablement difficile. J’ai pour cela beaucoup aimé la référence cinématographique de la fin, puisque c’est un des films qui m’a demandé le plus de Kleenex dans ma vie.

À propos de la fin, je pense que, tout comme le roman, elle divisera. On peut la voir de différentes manières, personnellement, elle me convient. Le choix a été fait, celui du bonheur, et on se dit avec l’épilogue que même si on n’est pas entièrement d’accord, quand même… ça a du sens, bien plus que ce que Florence imagine.

Oh, et la plume ! Avant que je ne l’oublie ! Aëla continue de mûrir sur son petit chemin. Ses histoires ont des points communs, et pourtant savent se différencier les unes des autres. Clairement, ici, elle signe un roman qui nous indique qu’elle n’est plus uniquement dans les romances, mais aussi dans des histoires qui nous font réfléchir et nous questionnent. C’est moins innocent, et ça se ressent dans sa plume, qui reste pourtant fraîche et fluide.

En conclusion, Si moi sans toi aura été une jolie lecture, qui m’aura fait réfléchir. Je n’ai pas eu de réaction épidermique face aux choix de Florence, même si je n’étais pas d’accord avec ce qu’elle faisait (chose que j’avais déjà ressentie dans Une Parisienne au bout du monde). Le ton est ici plus grave, avec des thématiques difficiles, et pourtant réaliste et même teinté d’espoir. Les circonvolutions de l’esprit de Florence nous rappellent les propres méandres de nos pensées, dans ses divagations et exagérations. En bref, un roman sympathique que je recommande quand même !
Ce sera un 15/20 pour moi !

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