mardi 13 septembre 2016

L'armoire des robes oubliées (Riikka Pulkkinen)

Alors que sa grand-mère Elsa se meurt d'un cancer foudroyant et que tous ses proches se rassemblent pour adoucir ses derniers jours, Anna découvre que, derrière le mariage apparemment heureux de ses grands-parents, se cache un drame qui a marqué à jamais tous les membres de sa famille.

Une vieille robe trouvée par hasard, et dont elle apprend qu'elle aurait appartenu à une certaine Eeva, va réveiller le passé. Cette Eeva, dont on ne lui a jamais parlé, aurait été, dans les années 60, la nourrice de sa mère. Mais Anna ne tarde pas à comprendre qu'elle a été beaucoup plus qu'une employée et que son grand-père, peintre célèbre, l'a profondément aimée...

Aujourd’hui, je vais essayer de vous parler de ce roman qui m’a laissé frustrée et qui m’a demandé quelques efforts pour le lire et aller jusqu’au bout.

L’armoire des robes oubliées nous parle d’Elsa qui va mourir d’un cancer, à 70 ans, de son mari Martti qui supporte mal ce départ lent, de leur fille Ella, qui vit très mal cette situation, ainsi que d’Anna, l’une de leurs deux petites-filles qui gère un peu exceptionnellement tout ceci. Mais c’est aussi une histoire qui nous parle d’Eeva, qui va un jour interférer dans le quotidien d’Elsa et Martti. Tout ça à cause d’un cancer et d’une robe oubliée dans une armoire…

Quand j’ai vu le résumé de cet énième livre rapporté de la kermesse, je me suis dit qu’il devait être intéressant, et comme j’aime bien les histoires qui parlent du passé, mêlant histoire familiale et tout, j’ai voulu essayer. En plus, l’auteur vient d’une contrée dont on n’entend pas trop parler au niveau littéraire, c’était l’occasion !

J’aurais dû me douter que cela n’irait pas selon mes attentes. Alors, je sais bien qu’il ne faut justement pas avoir d’attentes quand on commence un livre. Sauf que là, ce n’était même plus une désillusion ni quoi, c’est simplement qu’au bout d’un moment, je n’ai plus compris le roman !

Vous n’imaginez pas à quel point tout ceci peut être frustrant. Au départ, on essaie de s’immerger auprès de ces personnages qui vivent une situation cruellement réaliste, avec des questions existentielles importantes et des problèmes actuels. Le cancer, ça peut toucher n’importe qui, et ça rayonne ensuite sur l’entourage proche. J’avoue que pour ça, tout au long du roman, ça a été poignant et touchant. Tout ce qui a trait au présent et à cette situation difficile a été clair pour moi. En revanche, il n’en va pas de même avec Anna et avec les ponts dans le passé. Du moins… disons que ça a marché jusqu’au dernier quart du bouquin.

Anna est déjà un personnage beaucoup moins… tangible que les trois premiers. Il est très ardu de comprendre ses pensées. Quand elle se réfère à son entourage, ça passe. Mais dès qu’il est question de sa propre vie, j’ai eu vraiment du mal et à un moment, quand on revient dans le passé avec Eeva, soit il y a eu un souci dans la traduction des prénoms, soit… soit je ne sais pas, il est possible qu’en fait, ces passages aient été écrits par Anna à la place d’Eeva selon ce qu’elle savait et ce qu’elle avait imaginé en parallèle de son propre vécu. Je suppose d’ailleurs que c’est l’explication la plus plausible. Vous voyez où j’en suis : à analyser post-lecture ce que je n’ai pas compris sur l’instant.

Parce sinon, en dehors de ça, c’est une histoire pas… classique, mais qu’on connaît. Narrée avec une sensibilité et un point de vue assez inédits parfois, cela étant, il s’agit toujours d’une histoire d’adultère. Là où le récit devient poignant, c’est que cette double-vie menée pendant plusieurs années entre Martti et Eeva concerne aussi Ella, quand elle était enfant. Elle devient elle-même un enjeu de cette histoire qui n’aurait pas dû la concerner, et le tout prend une dimension pas tragique, toutefois elle pèse bien sur la conscience. Je trouve d’ailleurs qu’Eeva, ou du moins, les pages qui lui sont réservées, n’aborde que peu le souci de la culpabilité. Martti, lui, en éprouve, mais elle, non.

La plume de Riikka Pulkkinen est assez spéciale. Elle réussit à trancher dans le vif et à capturer des pensées et des impressions très imagées, ou qu’il faut parfois travailler encore un moment avant de les comprendre. Elle a effectué, je pense, un vrai travail de littérature, d’écriture, en voulant dépeindre une intrigue aussi complexe mais parfaitement réaliste. Il y a beaucoup à en tirer, et il est certain que je ne m’attendais pas à cela en ouvrant les premières pages du roman, même si j’aurais dû m’en douter. C’est d’ailleurs peut-être pour ça que j’ai eu du mal à me motiver à lire ce bouquin, au lieu d’avoir simplement envie de replonger le nez dedans.

J’avais envie de rêver, et après Une fée à Glade of Oaks, redescendre sur Terre a été assez rapide et pas si agréable avec L’armoire des robes oubliées. En revanche, je ne regrette pas d’avoir tenté cette lecture, parce que justement, j’ai pu voir autre chose et réfléchir pour cette chronique. Revenir sur mes impressions et démêler l’ensemble qu’elles forment est parfois un plaisir et c’est le cas ici. Il me faut aussi mentionner la fin du roman qui a tout de tragique, bien qu’elle soit attendue, et elle reste émouvante malgré la distance que j’ai pu installer avec le récit parce que je ne comprenais pas tout.

En conclusion, L’armoire des robes oubliées est un roman qui, en effet, aborde une situation compliquée dans laquelle une robe oubliée et une fin de vie entraînent une famille dans un tourbillon du passé. Si Anna est resté un personnage assez difficile à comprendre pour moi, je saisis mieux ce qui m’avait échappé pendant ma lecture, surtout sur la fin. Du moins, je l’espère. Riikka Pulkkinen met ici en valeur des points assez rares dans ce genre d’histoire qui pourrait être classique, et sa plume est assez unique, elle fait réfléchir. Pas forcément ce que l’on attend, mais tout de même, c’est loin d’être inintéressant !
Ce sera donc un 15/20 et je le recommande, parce qu’il y a ce petit quelque chose en plus.

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