jeudi 18 août 2016

96, la sixième corde (Benjamin et Caroline Karo)

Tome 1

Certains matins, la vie vous laisse sacrément seul. Seul devant vos choix, avec vos doutes, face à l'avenir et, parfois pire, confrontés à votre histoire. Qu’avais-je décidé cette nuit-là ? Difficile de le dire…, mais je savais que j’avais une semaine pour évacuer douze années de mon passé, une semaine à vivre sans modération, une semaine pour préparer mon futur avec Emma. L’heure était venue de faire une valise, pleine de mes trois meilleurs amis, de Doliprane et de la bande originale du plus capital des road trips de ma vie.

Voici enfin ma chronique ! Ça fait plusieurs jours que mes pensées trainent sur ce livre pour que je puisse poser mon ressenti qui n’a pas été évident.

Le tome 1 de 96, la sixième corde nous parle d’Arnaud, qui va peut-être se marier avec Emma, sa chérie actuelle, et qui a décidé de faire le tour de ses ex pour tourner définitivement la page et pouvoir entamer le futur avec sérénité pour son couple. C’est une sorte de test pour les deux amoureux, et c’est Arnaud que nous suivons dans ses pérégrinations avec ses trois meilleurs amis, sur les routes de France, pour un road-trip peu commun.

Je vous annonce la couleur : j’ai eu du mal avec ce livre. Pourtant, l’auteur me l’avait bien vendu – comme une lecture fraîche, à lire sur un transat en été –, le résumé était plutôt intrigant et très vite, j’ai rencontré une plume maîtrisée, pleine de poésie mais aussi de jeux sur les mots qui m’a plu.

Là, nous entrons au cœur du problème qui se pose à chaque fois que je n’aime pas vraiment une lecture : le roman ne peut pas être foncièrement mauvais. Il possède des qualités qui le rendent sympathiques, et des éléments qui m’empêchent vraiment de l’apprécier. Je pense sincèrement que ce roman peut plaire, mais alors prenez garde. Vous comprendrez plus bas pourquoi.

Revenons à la plume : j’ai été étonnée de la trouver aussi fluide dans les descriptions, tout se ressentait de façon presque lyrique et pourtant, les auteurs savent rester très terre-à-terre. Il est difficile de savoir manier les mots pour en dire autant et pour élever son lecteur, j’en sais quelque chose. On a même droit à quelques passages musicaux qui peuvent rendre la lecture agréable ! Cela étant, le roman s’est aussi fait dans les dialogues le reflet de notre société et les échanges plus spontanés et parfois, pardonnez-moi, gras voire vulgaires, ont largement appesanti ma lecture.

Déjà, j’étais gênée et très vite, ça m’a lassée. Pourquoi ? Parce que l’ensemble du roman se veut reflet de cette société dans laquelle nous vivons et que je n’en avais pas besoin. Je sais que les hommes ne sont pas tous des chevaliers servants, mais plus d’une fois, j’ai levé les yeux au ciel en remarquant à quel point les femmes peuvent passer pour des Kleenex. On prend, on jette. Pas pour toutes, et pas pour tous les garçons de la bande, m’enfin, majoritairement, on admire et on cautionne le personnage qui arrive à attirer dans son lit toutes les filles qu’il désire, juste pour une nuit.

Je pense qu’on touche le nœud du problème : les valeurs, le comportement et le mode de pensée des personnages principaux. Arnaud n’est pas tout blanc ou tout noir : s’il peut avoir des réflexions qui élèvent le lecteur et parfois tendent d’élever toute l’histoire, j’ai eu la sincère impression de replonger dans des abysses indésirables. À certains moments, son comportement m’a énervée. Ceux qui auront lu comprendront si je dis que même s’il sait que le feu brûle, il n’hésitera pourtant pas à mettre la main sur le feu pour le vérifier. Je sais, c’est la logique humaine… du moins, en partie.

Tous les personnages m’ont agacée à un moment ou à un autre, bien qu’ils soient foncièrement réalistes et que leur comportement le soit lui aussi. Oui, sauf que voilà, je lis pour rêver, pas pour retrouver ce que je peux trouver dans le bar du centre-ville. Pour moi, c’est vraiment ça qui m’a gênée : je n’ai pas rêvé et j’ai lu ce roman avec lassitude, lourdeur. Tout est dans l’excès, dans l’individualisme – ou presque (après tout, ils sont quatre, envers et contre tout) –, et ce voyage pour voir des ex sans même leur donner parfois une explication censée à tout ceci, franchement…

Ah ! Et je ne vous parle pas de la fin ! Alors là, c’était le bouquet ! Après la révélation d’Emma qui, elle, m’a fait sourire parce que c’était très bien placé et bien raisonné, je suis arrivée en bout de course, réalisant une nouvelle fois que c’était un tome 1 (j’avais momentanément oublié ce fait) et que franchement, j’avais fait tout ce chemin pour ça. Ça, même. J’étais là « quoi ? Non, mais sérieusement ? C’est une blague ! ». Autant vous dire tout de suite que je ne songe pas à lire la suite. S’il y a des points intéressants, il y en a d’autres qui contrebalancent trop la chose pour que je m’aventure plus loin.

Ce premier tome est donc un roman de contrastes, pour partir dans un passé parfois douloureux auprès d’ex copines (dont on connaît aussi certains détails intimes, alors que les descriptions caractérielles étaient plutôt justes voire franchement sympathiques avant ceci), en compagnie d’une bande de loustics peu recommandables (mais qui savent aussi avoir leurs qualités, bien qu’ils se conduisent pour certains en connards – mile excuses – finis avec les femmes), et surtout d’un personnage principal qui sait élever ses intentions, son voyage, avant de replonger dans des méandres dans lesquels nous n’avons pas envie de l’accompagner (c’est un fait, je me serais bien passée de certaines divagations).

En conclusion, je dirai que ce roman avait beaucoup pour attirer, sûrement beaucoup pour plaire, mais que concernant les personnages et surtout les valeurs qu’ils prônent au cours du voyage, il y a eu fossé et même conflit interne avec la lectrice que je suis. Je suis contre les excès, contre la considération des femmes comme des objets (des Kleenex, en l’occurrence) et certains caractères n’ont tout simplement pas collé avec moi. Je ne cautionne pas… oui à Arnaud qui veut devenir un homme meilleur pour Emma, non à ce même Arnaud qui va chauffer une de ses ex juste pour savoir s’il sait résister à l’attirance charnelle, crotte ! Je voulais lire un truc frais, et j’ai lu un roman avec un humour trop gras pour moi, qui représente un reflet de notre société qui ne m’a pas fait rêver alors que c’est ce que je recherche dans mes lectures. Ce bouquin n’était pas pour moi !
Ce sera donc un 12/20 pour moi et je remercie malgré tout les deux auteurs pour ce partenariat.

PS : encore une fois, cet avis n'engage que moi, je suis persuadée que d'autres apprécieront à fond ce roman, ça n'a juste pas été mon cas !

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