lundi 19 octobre 2015

Les Déferlantes (Claudie Gallay)

La Hague... Ici on dit que le vent est parfois tellement fort qu'il arrache les ailes des papillons. Sur ce bout du monde en pointe de Cotentin vit une poignée d'hommes. C'est sur cette terre âpre que la narratrice est venue se réfugier depuis l'automne. Employée par le Centre ornithologique, elle arpente les landes, observe les falaises et leurs oiseaux migrateurs. La première fois qu'elle voit Lambert, c'est un jour de grande tempête. Sur la plage dévastée, la vieille Nan, que tout le monde craint et dit à moitié folle, croit reconnaître en lui le visage d'un certain Michel. D'autres, au village, ont pour lui des regards étranges. Comme Lili, au comptoir de son bar, ou son père, l'ancien gardien de phare. Une photo disparaît, de vieux jouets réapparaissent. L'histoire de Lambert intrigue la narratrice et l'homme l'attire. En veut-il à la mer ou bien aux hommes ? Dans les lamentations obsédantes du vent, chacun semble avoir quelque chose à taire.

J’avais profité d’une brocante de kermesse pour me procurer ce bouquin, eh bien, je ne suis pas déçue de mon achat !

Les Déferlantes nous parle d’une femme qui est venue se cacher à la Hague pour peut-être réapprendre à vivre. Sauf qu’elle ne le sait pas. Qu’elle vit au jour le jour. Jusqu’à ce que Lambert arrive, apportant avec lui son lot d’étrangetés et de souvenirs. On ne sait pas qui il est… et pourtant il semble venir d’ici, lui aussi. Attirée par cet homme peu commun, la narratrice va mener sa petite enquête tout en continuant de vivre – ou de survivre – au milieu de ce qu’elle connait depuis des mois. Au milieu de ceux qu’elle ne connait en fait pas…

Après ma panne de lecture concernant Memoria, je vous avoue que j’étais presque un peu frileuse de commencer Les Déferlantes. Je reste quand même quelqu’un qui n’apprécie pas de faire traîner trop longtemps un livre dans sa PAL et celui-ci y était depuis 2 mois. Déjà beaucoup trop pour moi !

Très vite, je me suis laissé bercer par ces mots et ce style qui ne sont pas tout à fait classiques. Il y a quelque chose, dans la manière de présenter les choses, chez Claudie Gallay, mais aussi d’écrire, qui ne rendre pas dans les normes. La narration se mêle au dialogue, se confond, un peu comme le ballet incessant des vagues. Au bout d’un moment, on ne sait plus vraiment.

Les chapitres sont très courts et nous donnent ainsi un rythme qu’il est facile de suivre. Les personnages ne s’attachent pas vraiment, et on fait comme eux, on se laisse emporter au gré de l’histoire. Je ne peux pas dire que je me sois réellement attachée à l’un d’eux, bien qu’aucun d’eux ne m’ait laissé indifférente.

Cela tient peut-être au fait que ces personnages sont incroyablement réalistes et… cabossés. Chacun a quelque chose à cacher, des fêlures qui parfois mettent du temps à se dévoiler, vous savez, ces secrets qui resteraient tellement bien enterrés… oubliés. Au fur et à mesure que les éléments étaient mis à jour, je vous avoue que parfois, j’ai grimacé. C’est souvent difficile à lire, et pourtant ça pourrait tellement avoir lieu.

On découvre un monde pas si éloigné du nôtre, et pourtant infiniment différent. Presque encore archaïque, dans la manière de penser, cependant très actuel, à mes yeux. Il y a quelque chose de très proche et de très déroutant dans tout ceci, c’est difficile à exprimer.

Ne vous attendez pas, avec cette lecture, à sourire à tout bout de champ, ce serait même le contraire. Les Déferlantes est un roman assez doux, dans sa narration, le propos et les évènements n’en restent parfois pas moins violents. Ça fait mal, de temps en temps. Et on sourit peu. Cela vient sûrement du fait que notre personnage narrateur ne sourit que très très peu.

Que vous dire de plus ? C’est une intrigue qui prend son temps, sur un fond de paysage assez charmeur et désolé, mine de rien. On a envie de découvrir ce qui s’est passé, même si on le devine relativement tôt. Ce qui continue malgré ceci à nous tenir est du ressort de la vérité qui éclate : quelles conséquences aura cette nouvelle facette ? Qu’est-ce que cela peut entraîner encore comme autre chamboulement ? Et avec ceci, on a la lente guérison de notre héroïne, qui est un peu décalée et toutefois proche de nous dans ses réactions passives, normales ou révoltées.

En conclusion, puisque je ne sais pas trop quoi dire en plus, ce roman est une bonne découverte. On est loin du coup de cœur, mais il y a un style particulier, des personnages réalistes et qui peuvent parfois nous déranger sans que nous les jugions. Cette enquête sur la vérité est fascinante tout autant que redoutable, parce qu’elle nous emmène sur des sentiers encore inexplorés… bref, un bon moment, même si c’est pas un vecteur de joie infinie !
Ce sera un 15/20 pour moi !

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