samedi 13 juin 2015

Le Silence de Mélodie (Sharon M. Draper)

Quand j’ai eu deux ans, tous mes souvenirs avaient des mots, et tous mes mots avaient une signification.
Mais seulement dans ma tête.
Je n’ai jamais prononcé un seul mot. J’ai bientôt onze ans.

Voilà une chronique qui va me donner du fil à retordre…

Le Silence de Mélodie nous parle de Mélodie, qui raconte son histoire. Mélodie est handicapée, elle n’est pas totalement maîtresse de son corps, et à bientôt onze ans, elle n’a presque jamais pu exprimer à son entourage ce qu’elle ressentait ou plutôt, ce qu’elle pensait. Parce que Mélodie est extrêmement intelligente. Mais quand on est handicapé et qu’on ne peut pas parler, comment voulez-vous le faire comprendre aux autres ?

Peut-être que certains se souviennent du fait que j’avais essayé de lire ce livre en début d’année, lors de mon excursion bretonne auprès de Lire-une-passion. Je l’avais abandonnée, parce qu’il m’énervait. En effet j’ai un peu de mal, parfois, avec les bouquins traitant de la thématique qui englobe toutes mes études. J’ai un œil très critique dessus, bien que pas totalement expert.
Néanmoins comme j’ai décidé pour ces mêmes études de me consacrer aux représentations véhiculées sur le handicap dans les romans adolescents, Le Silence de Mélodie semblait tout indiqué. C’était reparti pour une deuxième tentative !

Le début a été moins laborieux que la première fois, mais j’ai quand même pris le temps de griffonner quelques remarques sur les pages, histoire de m’y retrouver. Je me posais plein de question : c’est quoi son handicap ? Comment elle fait ça ? Comment c’est possible ? Je voulais tous les détails, même les plus petits. J’avais besoin de comprendre jusqu’au bout, d’avoir toutes les informations pour accorder du crédit à ce que je lisais.

Certaines réponses ont été apportées plus de 100 pages après, et j’ai trouvé ça dommage. Mais pas tant que ça, parce qu’à ce moment, je m’étais déjà un peu attachée à Mélodie, bien que pour moi, elle ne puisse pas se souvenir de quelque chose avant trois ans. Enfin bref.
À ma très grande surprise, j’ai fini par lâcher mon crayon et mes notes critiques pour me focaliser uniquement sur l’histoire et notre héroïne. Parce que oui, je crois qu’une fois que j’ai su ce qu’elle avait, j’ai commencé à me laisser bercer par les mots de l’histoire. À m’attacher à Mélodie, ce qui n’était pas gagné.

Alors bien sûr, je regrette un peu que soit vraiment mis en valeur le fait que Mélodie soit très très intelligente, parce que ça contribue à certains clichés qui vont crescendos ces derniers temps. En revanche, j’apprécie énormément l’effort qui a été fait pour essayer de retrouver son émotion à elle, qui n’est pas tellement différente de ce que nous, nous pourrions vivre. J’ai fini par me réjouir, par m’énerver et par franchement manquer péter un câble sur la dernière partie du bouquin.

Cette histoire a un petit côté sensationnel, alors qu’on commence au départ par la vie de Mélodie, qui est tout à fait banal. Elle nous raconte son quotidien, ses difficultés, sa perception du monde, et peu à peu, l’univers s’élargit. C’est bien fait, vraiment, d’autant que ça met parfois réellement en valeur l’incompétence (oui, vraiment) de certains professionnels ou l’intolérance voire la méchanceté de certaines personnes. C’est très fidèle à ce qu’on peut trouver dans la réalité, je vous assure.

Bref, Mélodie est une jeune fille tenace, au caractère bien trempé, qui est très consciente de ses capacités mentales mais aussi très au fait du poids qu’elle peut représenter pour ses parents. La plume qui a été choisie pour narrer son histoire est très juste, quelque part, bien que trop mature pour une enfant de onze ans quand même, pour moi. Il y a des moments, j’avais l’impression que ça collait parfaitement bien et d’autres fois que l’auteur reprenait un peu sa propre voix.

Si je devais résumer mon ressenti à propos de ce livre, ce serait sûrement quelque chose du genre : « il s’agit d’un très bon livre de sensibilisation à la thématique du handicap, à l’inclusion, qui permet de faire prendre conscience aux gens à quel point la société peut être obtuse de différentes manières, à ce sujet », mais… je ne sais pas si je le recommanderais réellement à mes amis de la fac, si vous voulez. J’aimerais d’abord vérifier deux-trois éléments. Ce qui n’empêche nullement que j’ai fini par réellement apprécier cette histoire et que j’ai été profondément touchée par tout ce que traverse Mélodie.

Les dernières pages du bouquin m’ont presque déchiré le cœur. Je me sentais emplie de révolte, de colère, d’effroi et de tout plein de choses, encore. La vérité est que même si j’ai eu un œil critique, que je chipote très certainement, je n’ai pas pu rester insensible à Mélodie et à son histoire. Mine de rien, on ne peut pas ignorer tout ce qu’elle nous transmet. On l’aime vraiment ! Sa ténacité, son regard sur le monde… tout concourt à ceci.

Je ne sais pas quoi ajouter encore, honnêtement. D’un point de vue personnel, j’ai fini par beaucoup apprécier ma lecture et je ne regrette aucunement de m’être forcée à m’y replonger. En revanche, pour mon mémoire, je pense qu’il y aura des petits points intéressants à soulever que je dois encore étudier ! En bref, je le conseille parce que c’est une très bonne sensibilisation au handicap et à tout ce qui tourne autour, notamment avec l’intégration qui n’est parfois qu’une farce pour certains. Ce livre est poignant, touchant, et s’il ne vous fait pas pleurer, il réussira sûrement à vous faire à moitié sortir de vos gonds ou à vous attendrir. Il aura mis du temps à me convaincre, j'aurai lutté, mais je ne le regrette absolument pas !
Ce sera donc un 17/20 pour moi !

1 commentaire:

  1. Ce livre a l'ait très beau, j'aime bien aussi le fait que l'héroïne s'appelle Mélodie alors qu'elle ne parle pas... C'est d'autant plus touchant !

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