mercredi 22 janvier 2014

Le Chevalier de Sainte Hermine (Alexandre Dumas)



Plus qu’une surprise, un vrai coup de canon : le roman mythique de Dumas dont on n’avait jamais retrouvé le texte (à l’exception de trois chapitres mis au jour naguère) sort enfin de l’ombre ! Claude Schopp, après une vie de traque, a réussi à mettre la main sur le texte complet du feuilleton (1869) que le romancier n’avait pas eu le temps de publier pour la librairie avant de rendre l’âme (en 1870). Et il s’agit d’un roman-clé, puisqu’il prend place à la fin de la fameuse trilogie révolutionnaire entamée avec Les Compagnons de Jéhu et poursuivie avec Les Blancs et les Bleus… juste avant Le Comte de Monte-Cristo – avec lequel il entretient, au reste, d’étroites affinités. Là encore le moteur de l’action est une entreprise de vengeance… un leitmotiv qui a toujours permis au romancier de chauffer à blanc les aventures auxquelles il tenait le plus. Son « chevalier » aura donc droit à tout : aux persécutions de Fouché, à l’errance d’un champ de bataille à l’autre de l’épopée napoléonienne, à un face à face avec Nelson au fort de la bataille de Trafalgar (il aurait tenu le fameux mousquet qui…), à force mésaventures à Rome puis à Naples, à croiser la route du fameux Fra Diavolo et des plus remarquables bandits de la Péninsule… sans oublier telles rencontres avec Joséphine, Talleyrand, le duc d’Enghien ou le terroriste Cadoudal… N’en jetons plus. Il est clair qu’à l’instant de quitter la scène, le divin Alexandre a voulu lancer toutes ses forces dans la mêlée… qui s’en plaindrait ?

Bon, il faut quand même écrire cette chronique avant que je n’oublie tout ce que ces 1000 pages de bouquin m’auront apporté.

Dans le Chevalier de Sainte Hermine, qui fait partie d’une trilogie sur les Sainte Hermine, nous faisons la rencontre, quoiqu’un peu tardivement, certes, du Conte de Sainte Hermine, le dernier de sa maison. Héritier d’une vengeance, royaliste sous Bonaparte, Sainte Hermine n’aura pas choisi son époque pour naître. Seulement, il se pourrait bien que lors d’une accalmie, il se voie délié de ses engagements funestes, et qu’ainsi, il puisse demander la main de sa belle. Sauf que le jour même de la signature du contrat de mariage, la donne change encore, et Sainte Hermine doit obéir à la promesse qu’il a faite à son frère, et il abandonne sa bien-aimée. Sainte Hermine disparaîtra. Du moins… aux yeux de la société…

Dur de résumer plus de 1000 pages, faites-moi confiance. Surtout qu’il est encore plus dur de résumer 1000 pages où Alexandre Dumas a fait nombre d’écarts pour raconter l’histoire de son temps, histoire fort intéressante au demeurant, mais dont on peut vite se lasser lorsqu’on ne se soucie principalement que du héros du roman. C’est bien ce qu’il m’est arrivé, moi qui n’ai d’habitude que peu de souci, voire pas du tout, avec les façons de cet auteur qui est pour moi un modèle. Bon, il faut dire, aussi, que Napoléon Bonaparte n’est pas du tout mon personnage préféré, et que de le voir à la place de mon héros parfois pendant 200 pages non stop, ou concernant les complots qui se tramaient contre lui… pfiou, heureusement que Dumas savait si bien manier la plume, sinon je ne sais pas comment j’aurais fait pour arriver à la fin du bouquin.

Ce roman me laisse mitigée et pourtant contente. J’ai passé un bon moment de lecture, je ne peux le nier, seulement je dois avouer qu’au niveau de l’intérêt que ma lecture a suscité chez moi, ça donnerait une courbe en dents de scie. Il y a des moments où je ne voulais plus du tout lâcher le livre, où notamment le bonheur de notre héros était palpable, il y était presque, et là… pfiut ! Plus rien. Les moments d’écarts, comme je l’ai dit, on été compliqués à suivre et j’ai dû m’accrocher pour ne pas arrêter. Cela ne m’est pas vraiment venu à l’esprit, toutefois je peux qualifier sans honte ma lecture de laborieuse selon les passages.

Alexandre Dumas sait créer des situations qui nous embarquent. Nombreuses fois, dans les péripéties de Sainte Hermine, j’étais prise. Toutefois, j’ignore si cela est dû aux mœurs de son époque ou à autre chose, j’ai parfois reculé devant certaines scènes, n’en trouvant premièrement pas l’intérêt flagrant, et deuxièmement réprouvant tout ceci d’un point de vue moral.
Dites, je parle un peu snob, là, non ? Ce sont les 1000 pages qui m’ont chamboulée et ont transmuté mon style mouaha !

À ces quelques points s’ajoutent les aspects positifs de la plume que j’apprécie toujours autant de l’auteur, et… le voyage. Le roman ne se passe pas seulement en France, mais aussi sur l’océan ou dans les Indes, et j’ai apprécié découvrir ces terres comme elles devaient être auparavant. C’était enrichissant !

Et puis, je critique aussi pas mal de choses, dont le fait qu’il m’a été ardu de persister dans ma lecture, mais… quand je suis arrivée à la « fin » (mettez même plein de guillemets), j’ai hurlé. Sérieusement, j’ai poussé un cri de rage parce que… ce livre est le dernier que Dumas a écrit. Il est mort avant de l’avoir terminé, ce qui est, au demeurant, atroce. J’aurais dit scandaleux, mais comme il est mort, il a une excuse (quand même). Ce que j’ignorais en revanche complètement, c’était que… Dumas était mort avant d’avoir terminé son chapitre ! Alors là… Quand je suis arrivée au point fatidique… « Mais non ! Non !!! non, non, non ! » Crise de frustration énorme. Monsieur Schopp, qui a retrouvé le manuscrit et qui est un grand spécialiste de Dumas, a essayé de faire une fin selon Dumas. Sauf que… excusez-moi du peu, j’ai pas réussi. C’était plus Dumas, j’accrochais plus du tout. Les liens qui me retenaient encore à l’histoire ont lâché proprement et simplement.
Donc, Monsieur Alexandre Dumas Père, vous savez d’ores et déjà que lorsque nous nous retrouverons après que je sois morte, nous aurons une discussion. Je veux savoir comment Sainte Hermine finit !

Voilà, je crois que c’est tout ce que j’aurai à dire sur ce dernier ouvrage de Dumas. Je n’ai pas encore tout lu de lui, mais j’ai lu The Last One, comme on dit en bon français. Une histoire qui m’a prise malgré tout, une intrigue encore une fois imbriquée de part et d’autres et dont on ne comprend pas tout de suite les rouages, la plume si fantastique de Dumas, une fin… ah non, pas de fin…
Bref, du Dumas, quoi ! Avis à ceux que ça pourrait intéresser, donc :)
Je mets à contrecœur une note de 15/20, à contrecœur car on ne peut que difficilement noter un roman de Dumas, au final…

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