lundi 29 avril 2013

Les Larmes Noires (Julius Lester)

La jeune Emma vit dans une plantation de coton entourée des siens et de la famille du maître, lorsqu'on la sépare de ses parents et de ceux qu'elle aime. À treize ans, elle est vendue, comme des centaines d'autres esclaves. Sarah, la fille du maître, très attachée à Emma, ne pardonnera jamais cette barbarie à son père...

Un texte à plusieurs voix - celles des Noirs et celles des Blancs, celles des esclaves et celles des maîtres. Un chef-d'oeuvre littéraire d'une grande portée humaniste.


Bon!
Attaquons-nous à cette chronique que je traine depuis presque une semaine...
Comme vous l'aurez remarqué, sans doute, Les Larmes Noires est un Black Moon. Oui, j'avais envie d'essayer un "pré-Twilight", si vous voulez, je voulais voir un peu ce qu'était cette collection avant de devenir ce que nous connaissons aujourd'hui.

La première chose que je tiens à dire, c'est que même si c'est un très petit livre par rapport aux autres BM, son résumé ne lui rend pas du tout hommage.
C'est beaucoup plus compliqué que ce que ces quelques lignes laissent transparaître, c'est tout ce qu'il va se passer autour de cette vente, ce jour funeste où le maitre de la plantation en question va décider de vendre Emma, une esclave qu'il avait promis de garder. Mais pour les beaux yeux de l'argent...

Cette histoire, si vous la lisez... Je vous le conseille, accrochez-vous. Plus d'une fois j'ai serré le poing, retenu des mots de rage, de colère, et les gens autour de moi, surtout mon frère étaient surpris. Ce n'est pas le genre de lecture que j'ai habituellement, et il est rare que j'exprime des sentiments pareils.
Mais c'est toujours la même chose, quand je lis des injustices, des témoignages sur la guerre, et tout ce qui peut se rattacher à cela. L'esclavagisme... Je n'avais pas encore lu tellement de choses, dessus.

C'est révoltant, cette histoire, que voulez-vous que je vous dise? Je ne vous agresse pas le moins du monde, n'ayez crainte, mais lorsque je repense à ces quelques cent vingt ou trente pages, tout ce que je retiens, c'est la rage. Vraiment, c'est ce qui a prédominé tout le long.

Bien sûr, il y a d'énormes côtés positifs pour ce livre, notamment la plume de Julius Lester, merveilleusement bien fondue dans chacun des personnages, et qui mêle un peu de théâtre avec le récit de souvenir ainsi que le roman. On change de point de vue, et sous plusieurs angles, parfois avec un recul du tonnerre, on appréhende ce qu'il s'est passé à cette vente d'esclaves. Du côté du maître, du vendeur, de la mère d'Emma qui ne reverra jamais sa fille, d'Emma elle-même...

Parfois simplet, le ton est sans chichi, et c'est bien, aussi, parce qu'il est temps de lever le tabou, c'est l'ambiance qui ressort tout le long du livre. Il faut que tu saches; petit lecteur, lis, et apprends.

On est happés, on veut savoir la fin, même si on sait que c'est pas nécessairement joli... La lutte pour la liberté continue, et on se raccroche à chaque espoir qui nous est présenté.
Le monde est cruel, il l'a été terriblement, et chaque épreuve que les personnages traversent est une baffe en plus sur le coin du nez. On se dit "et ça continue..." au point qu'on ne s'en étonne presque plus, et en même temps, au contraire, on a envie de dire, "mais non, quand même pas!"

Je ne dirais pas que je suis mitigée, sur ce roman. Il est très bien; je suis contente de l'avoir lu, mais le ressenti que je garde des faits... C'est basé sur une histoire vraie! Il y a des extraits de pièces retrouvées, de la vente... Comme le prix auquel fut vendu tel esclave, et tout ça. Fiction se mêle au réel pour nous plonger dans un passé dont nous avons honte mais qu'il nous faut exposer.

Alors je vous le conseille, oui, franchement, pour qu'on puisse se rendre compte que l'esclavage a duré encore jusqu'au siècle dernier, et que des deux côtés, c'étaient des humains, qui agissaient. Et on peut les blâmer, bien sûr. C'est facile derrière son livre. Mais le plus dur, là, c'est d'accepter le fait que les mentalités n'étaient pas les mêmes, que malgré tout on peut les comprendre, et que tous autant qu'ils sont, ils avaient leurs raisons et nous n'avons pas à les juger.

Bravo; Monsieur Lester, et ce sera un 15/20.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire